Ma Ville
Histoire de Villers-Semeuse
Le 20 avril 1828, à 8 heures, est dressé le procès-verbal entérinant la réunion des hameaux de Villers et Semeuse, donnant naissance à une nouvelle commune : Villers-Semeuse. Composée de 400 habitants à cette date, la population va connaître un fort accroissement, passant de 800 en 1879 à 3 300 en 1979. Mais durement frappée par la crise économique (fermeture des entrepôts S.N.C.F. et de l’unité de stockage des Coops. de Lorraine), la population va connaître un assez fort fléchissement et osciller vers les 3 500 habitants, répartis sur une superficie territoriale de 740 hectares.
Toutefois, il faut savoir que le territoire de la commune est beaucoup moins important de nos jours que par le passé. En effet, on l’a diminué de près de moitié en érigeant en commune distincte Saint-Marceau, autrement dit Saint-Marcel-Sur-Le-Mont, qui était au secours de Villers et, de plus, on lui a emprunté toute la rive droite de la Vence pour en former le ban de La Francheville, notamment le bois de la Dame. Enfin, quelques petits lambeaux de terrain pris ça et là ont servi à agrandir les villages du voisinage.
Au XIIème siècle déjà
L’histoire de Villers remonte au moins au XIIème siècle. Il en est question pour la première fois, dans une charte de septembre 1245, par laquelle Jean, comte de Rethel, après avoir obtenu la succession de son père Hugues, rend aveu au roi de Navarre et comte de Champagne Thibaut IV pour les fiefs qu’il tient de lui.
Ensuite, Villers dut inféoder, car au siècle suivant, le 25 mars 1316, Johan de Saint-Marceau, écuyer, se qualifie de « Sire de Villers » et à ce titre, il rend aveu à Louis 1er., comte de Rethel, pour sa maison de Villers. A ce moment, on apprend l’existence d’une maison forte, origine du château désormais détruit. C’est dans ce vieux manoir féodal que fut enfermé, en 1427, l’un des fidèles conseillers du roi Charles VII, Jean Oudin de Verpel, 59ème abbé de Mouzon, qui avait encouru la colère du duc de Bourgogne.
Au mois de décembre 1316, Jean de Villers rendit également aveu à Renaud d’Acy, pour quelques biens qu’il tenait de lui. Plus tard, le 15 août 1317, Jean de Villers consentit à faire du château de Mézières le service de deux mois de garde, qu’il devait au comte de Rethel, en son château de Stonne. L’avènement de Louis II de Crécy au comté de Rethel, Jean de Villers dut rendre un nouvel aveu, le 22 novembre 1322, de tous ses droits et domaines. Il est probable qu’il mourut après. Mais la maison d’Acy conserva longtemps son domaine de Villers, qui était de la mouvance de Mohon. En effet, en janvier 1446, Raulin de Ville-Sur-Lumes en rendit le dénombrement au duc de Bourgogne comme ayant la garde d’Elisabeth de Gorlitz, dame de Luxembourg, car Mohon et ses dépendances relevaient des ducs de Luxembourg à cause de leur château d’Arlon.
Dès la création du chapitre de Mézières, l’église de la cité fut donnée parmi les biens qui constituaient sa dotation selon la bulle confirmative de Grégoire VIII, datée du 15 décembre 1187; ce n’était alors qu’une humble chapelle de secours dépendant de Saint-Marceau, aussi les seigneurs résidaient en ce village, dont ils portaient le nom. Plus tard, les rôles durent changés et Villers devint paroisse en titre.
De Villers à Semeuse
Le hameau de Villers est situé au centre de territoire de la commune, mais Semeuse se trouve plus au nord-ouest, sur le ruisselet de Laveau et de la Morture, non loin de la Meuse : un chemin conduit du village à la rivière et aboutit à une vieille tour, aujourd’hui ruinée. Il y avait probablement en ce lieu un pont ou un bac pour communiquer avec Romery. On pense que le hameau de Semeuse possédait autrefois une église, bien que l’on n’en ait pas de preuve historique, mais il y avait un curé, car une sentence des échevins de Mézières condamne les laboureurs de Semeuse à payer au chapitre de Saint-Pierre et au curé dudit Semeuse, comme décimateurs du lieu, la dîme du onzième.
Le plus ancien des seigneurs de Semeuse connu est l’écuyer Jean, qui, en 1283 fonde dans la collégiale de Mézières la chapellerie de Saint-Jean, l’évangéliste, en l’honneur de son patron. Un autre seigneur de Semeuse, nommé Bassignon, se montra généreux envers la ville de Mézières: il fonda en 1407 la messe du jour, dans l’église paroissiale.
Quelques années après, Philippe de Bourgogne, comte du Rethélois, accorde par ses lettres de décembre 1412, aux membres de la famille de Bassignon de Semeuse, le pouvoir d’être fait échevins de Mézières, marguilliers de la paroisse, administrateurs de l’hôtel de Dieu … mais à condition qu’en ce cas, ils seraient justiciables de la juridiction échevinale et dans toute autre de celle du bailli de Rethélois. Plus tard, les Hiéronymites du Mont Calvaire, près de Charleville, devinrent possesseurs d’une cense sur la paroisse, qui passa ensuite aux Prémontrés du même lieu, quand ils furent substitués en 1678.
Au début du XVIIIème siècle, la seigneurie de Villers appartenait à la famille de Conquérant, mais elle n’y demeure pas; en effet, lorsque vint la Révolution, elle était partagée entre M. de Beffroy de Breuil, qui habitait Charleville, et le comte de Flavigny. Peu de temps auparavant, en septembre 1753, on avait établi un camp sur la paroisse, entre Mohon et Villers, où on réunit les régiments du département de Champagne, sous les ordres du marquis de Brèze. Cet officier supérieur vint se loger, avec son état-major, au château, qui fut réparé pour le recevoir.